Au secours
, mon ado se scarifie
Qu'est-ce
qu'on appelle "scarification" ?
La
scarification consiste à se faire, de façon répétitive, des
coupures superficielles et des griffures sur la peau des poignets,
des bras, parfois du ventre et des cuisses, à l'aide d'un objet
aiguisé, généralement une lame de rasoir, un cutter, un
compas...
En général,
les adolescents se cachent dans leur chambre ou dans la salle de bain
lorsqu’ils s’infligent ces blessures. Ils prennent parfois le
plus grand soin à masquer ces marques à l'aide de vêtements à
manches longues, multiples bracelets...
Ce phénomène connaît une inquiétante
progression.
Actuellement, 10% des jeunes de 12 à 17 ans auraient recours à
cette pratique.
Généralement
ces comportements débutent autour de 12 – 14 ans et tendent à
disparaître à l'état adulte. Ils concernent essentiellement les
filles (3 à 4 fois plus nombreuses) mais des études récentes
tendent à montrer une parité.
Pourquoi
certains ados éprouvent-ils ainsi le besoin de se faire du mal ?
L'adolescent
qui se scarifie, souffre d' un réel mal être, un état de profonde
souffrance psychique. L'acte de scarification va le soulager
momentanément.
L'acte se
passe en plusieurs étapes:
- l'adolescent ressent des émotions insupportables (colère, honte, anxiété, tension, sentiment de vide...).
- Une tension croissante l'envahit, il ne peut résister à l'envie de se faire mal.
- Durant l'acte de se scarifier, l'adolescent va ressentir un soulagement, un mieux-être provisoire.
- Après la scarification, il va se sentir plus apaisé, tout en regrettant son acte. Il tentera parfois de cacher sa blessure.
Biologiquement,
ce phénomène s'explique par le fait que des endorphines sont
libérées durant la scarification, ce qui amène donc la personne à
éprouver un mieux-être provisoire.
Scarifications
et tentatives de suicide :
L'adolescent ne souhaite pas se donner la mort en se scarifiant. Il
cherche seulement à se soulager momentanément de son malaise
inérieur.
Toutefois,
ces jeunes, évidemment fragiles, auront plus tendance que d'autres à
faire des tentatives de suicide.
Est-ce un phénomène contagieux?
Oui, dans le
sens où cette pratique peut permettre à l'adolescent de
s'identifier à ses paires, par l'adoption d'un comportement
marginal provoquant, condamné et craint par les adultes.
Notons que la
banalisation de tels comportements dans les médias, avec des clips
mettant en scène des scarifications, des forums, des sites internet
donnant des informations, l'influence de certains personnages publics
automutilateurs... concourent au développement d'un tel phénomène.
Existe
-il un lien avec d'autres pratiques comme le tatouage ou le piercing?
Toutes
ces pratiques ont en commun le soucis de l'adolescent de contrôler
son corps et les changements qu'il subit.
Comment
l'aider à s'en sortir?
Loin
d'être quelque chose d'anodin, la scarification est un phénomène à
prendre au sérieux.
L'adolescent
qui se scarifie est en proie à de profondes angoisses. Il ne peut
expliquer son geste, donner du sens à sa souffrance.
.
L'aide
d'une psychologue s'avère souvent nécessaire.
Inutile
pour les parents d'interdire à leur enfant de se scarifier. Ils
pourront tout au plus se rassurer eux-mêmes.
Il
faut essayer de faire comprendre à l'adolescent que ce passage à
l'acte cache un malaise plus profond dont il faut s'occuper.
Si
les relations avec l'adolescent sont difficiles, les parents peuvent
se faire aider d'un tiers en qui le jeune a confiance, le médecin
traitant, l'infirmière de l'établissement scolaire, un
psychologue...
par Isabelle Bruand Psychologue à Dijon
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